mercredi 12 mars 2014

[Partenariat] Les Sentinelles du Futur de Carina Rozenfeld





Aux éditions Syros
Collection Soon
298 pages
16,50 €

Résumé :

2359. La Terre est à l'agonie. Mais à New York, une poignée de femmes et d'hommes qui se déplacent dans le Futur l'ont promis : l'avenir est radieux, ils l'ont vu de leurs propres yeux. Le jeune Elon, élève à l'Académie et doté d'un pouvoir exceptionnel, rêve d'entreprendre ce voyage vers une époque meilleure. 


2659. Un ennemi invisible a attaqué la Terre. Nuts est une survivante. Sa ville est en ruine, la planète entière est dévastée. Et si le seul espoir possible venait du passé ?


Je remercie les éditions Syros pour ce partenariat qui m'a beaucoup plu.

Mon avis {en quelques mots} :

Ce livre est le deuxième que je lis de Carina Rozenfeld. J'ai déjà lu La quête des livres-mondes, que j'avais beaucoup aimé. Le style de l'auteure est fluide et l'intrigue est bien construite. On alterne entre le point de vue d'Elon en 2359 et celui de Nuts en 2659 à travers son journal intime.

J'ai véritablement accroché à l'idée du voyage temporel. La question qui se pose dans le livre de savoir s'il faut ou non intervenir dans le futur m'a aussi touchée.

Les personnages sont attachants. Je me suis souvent retrouvée dans les pensées d'Elon. Le couple imopossible des deux meilleurs amis d'Elon,  Micko, une jeune asiatique, et Gérème, un biologiste, m'a aussi émue.

Pour finir, Les Sentinelles du Futur est un livre dystopique prenant et drôle qui vous fera voyager, sans même une faille temporelle, de 2359 à 2659, sans que vous ayez besoin de quitter le XXIème siècle !!

dimanche 9 mars 2014

[Chronique] Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier


Prodigieuses créatures
(Remarkable Creatures en anglais)
De Tracy Chevalier
Aux éditions Folio
2009
432 pages
8.40 €

En 1804, à l'âge de 25 ans, Elizabeth Philpot s'exile de Londres pour une petite station balnéaire appelée Lyme Regis, en compagnie de ses deux soeurs. Toutes trois sont destinées à être vieilles filles. C'est là qu'Elizabeth rencontre pour la première fois Mary Anning, une enfant des plus singulières. En effet, elle a été frappée par la foudre lorsqu'elle était encore un bébé et y a survécu. Elle passe aussi ses journées sur la plage, sale, à chercher des curios, c'est-à-dire des fossiles, qu'elle et sa famille revendent aux touristes pour subsister. Mais les curios sont plus qu'un moyen d'avoir de l'argent pour Mary Anning. C'est toute sa vie, une passion qu'Elizabeth Philpot va partager et qui les rapprochera toujours, malgré leur différence d'âge et leurs rivalités.


Selon moi, ce roman est assez atypique. Tout d'abord, les deux héroïnes ont des défauts assez proéminents et leur amitié n'est parfaite. Cela confère du réalisme au roman tout en accrochant le lecteur. Mary et Elizabeth ne sont ni totalement des héroïnes, ni des anti-héroïnes, elles sont profondément humaines et c'est ce qui fait leur charme.
Puisque nous parlons de l'originalités des personnages, je dois aussi vous dire que le fait qu'Elizabeth Philpot soit une vieille fille m'a un peu surprise au début. Je m'attendais à ce qu'elle soit ennuyeuse mais ce n'est qu'un cliché : il s'agit d'une femme étonnante et qui s'émancipe au fil du roman.
La trame du livre est elle aussi peu banale : Mary et Elisabeth, deux femmes du tout début du XIXème siècle, sont des chasseuses de fossiles ! Cela est encore plus étonnant quand on sait qu'elles ont réellement existé.

Ce livre alterne les points de vue d'Elizabeth et de Mary. Au début du livre j'ai été un peu désarçonnée. En effet je m'attendais à un langage soutenu, or Mary emploie du langage parlé. Mais on oublie vite ce petit détail, fortement justifié du reste puisque Mary est d'une famille pauvre et ne sait ni lire ni écrire au début de l'histoire.

Ce livre est aussi très intéressant du point de vue historique car nous pouvons voir quelle était la place des femmes dans la communauté au XIXème siècle, et dans le milieu scientifique. Bien que romancée, nous lisons aussi la biographie de Mary Anning et celle d'Elizabeth Philpot, deux pionnières dans leur genre.

Prodigieuses créatures est un livre que j'ai vraiment beaucoup aimé. Il est très prenant et je le conseille à tous !

Un plésiosaure, créature qui fut pour la première fois découverte en 1821 par Mary Anning.

dimanche 2 mars 2014

[Chronique] L'Assommoir d'Emile Zola


L'Assommoir d'Emile Zola
Le tome VII de la saga des Rougon-Macquart
Chez Folio Classique
517 pages

L'Assommoir est paru en 1876 et, pour reprendre les termes de ma quatrième de couverture, a déclenché une nouvelle bataille d'Hernani. Il a fortement divisé les journalistes et critiques littéraires de l'époque. Pour ma part, mon avis est catégorique (mais c'est peut-être parce que je l'écris toute seule !).

Ce roman naturaliste pose la question suivante sur l'Homme : jusqu'où peut aller la déchéance de l'être humain ?
L'histoire est celle de Gervaise, une jeune femme de 22 ans au début du livre. Elle a deux enfants, Claude et Etienne, et a rejoint Paris avec Lantier, leur père mais avec qui elle n'est pas mariée. Quittée par celui-ci, elle est seule pour nourrir ses enfants et exerce le métier de blanchisseuse. Elle ne tarde pas à se marier avec Coupeau, un zingueur (un ouvrier qui travaille à poser du zinc sur les toits). Celui-ci est droit et honnête et tous deux mènent une vie agréable. Mais, après un accident qui l'a tenu immobilisé des mois durant, Coupeau devient de plus en plus oisif et se met à boire, faisant progessivement couler la blanchisserie de Gervaise. On assiste peu à peu à la déchéance des personnages, à leur abêtissement. Gervaise sombre peu à peu dans l'apathie et l'alcool, ne distinguant plus le bien du mal et se souciant uniquement de manger.

Gervaise, qui est le personnage principal de ce livre en raison de son appartenance à la "dynastie" des Rougon-Maquart, est très attachante, jusque dans sa déchéance. Elle représente la faiblesse, et celle-ci la consumme progressivement. De concession en concession, même impalpables, elle s'éloigne de son idéal de jeunesse et n'attend plus que la mort. Son mari, Coupeau, représente lui aussi une sorte de faiblesse. Après son accident, il ne parvient plus à se reprendre en main et sa paresse le conduira à la mort.

Cette fresque est impressionnante et représente fidèlement le Paris des bas-quartiers de l'époque, le mauvais (comme les Lorilleux, parents de Coupeau et incarnations de l'avarice) comme le bon avec Gouget, amoureux transi de Gervaise, qui jusqu'au bout est bon et honnête, et Lalie, petite fille déjà femme par son courage.
Le but de ce roman pour l'auteur de se placer aux côtés du peuple en montrant la dureté de ses conditions de vie. L'alcool a une grande place de ce roman et son titre, L'Assommoir, est d'ailleurs le nom d'un bar où était fabriqué du vitriol et qui est témoin de la déchéance de Coupeau et même de Gervaise.

Ce livre est un coup de coeur pour moi. Au contraire d'être ennuyeuse, la description minutieuse du Paris de l'époque et des conditions de vie de ses habitants est très intéressante. Je me suis facilement attachée aux personnages, pour lequels (pour la plupart) je ressentais de l'empathie.
Quand je lis un roman d'Emile Zola - j'ai aussi lu La fortune des Rougon, qui est le premier tome de la saga, et Thérèse Raquin - je ne peux m'empêcher d'être à la fois horrifiée et fascinée. C'est un sentiment assez étrange mais que j'apprécie - et là c'est vraiment étrange -, c'est un des ces romans qui me mettent mal à l'aise parce que je suis emportée dans ma lecture et que je souffre et que je suis heureuse en même temps quand je lis.

Pour finir, c'est un livre que je vous recommande. Ne vous laissez pas impressionner par son titre de "classique" et n'allez pas croire - comme je l'avais cru - qu'il est assommant. Ou alors il l'est, mais dans le bon sens du terme ! Et dites-moi si vous vous êtes sentis mal à l'aise comme moi, et si vous en avez lu de semblables, je suis preneuse !

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